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Pour la petite histoire

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Quand je serai grand, je serai...
... collecteur de vœux

6 décembre 2018

Il faut que je me dépêche, Noël approche. Je relis ma feuille et j’ajoute un dernier souhait. A l’autre bout de la table, maman trie les factures. Mon bonnet de père Noël sur la tête, je me lève et je cours vers elle pour lui montrer. Elle pose la lettre du collecteur d’impôts puis se penche sur ma liste : « un camion de pompiers télécommandé, de la peinture dorée qui brille dans la nuit, la poupée avec canne à pêche, une maison pour les oiseaux, une journée avec mon papa, un livre de recettes de pâtisseries, le vaisseau de l’amiral de l’espace. » Maman hausse les sourcils :

– Ça fait beaucoup de cadeaux pour un seul Noël, elle me dit.

– Mais s’il te plaît, maman ! je demande. Ils ne sont pas très grands, et je les voudrais tellement !

– Simon, ce ne sera pas possible de les avoir tous, il y en a trop, elle me dit en ajustant mon bonnet de Noël sur mon front. Il faut réduire un peu ta liste, mon lutin.

Le soir, au moment de me border, maman voit bien que je suis encore contrarié. Elle m’explique :

– Vouloir très fort ne suffit pas toujours. Personne ne peut tout avoir, tu sais. C’est comme ça.

– Personne, sauf le collecteur d’impôts, je fais remarquer. Lui, il demande et on lui donne.

Maman rigole, les yeux filant vers ma fenêtre étoilée. Le ciel y est noir comme du chocolat.

– Même le collecteur d’impôts n’obtient pas tout ce qu’il demande, elle dit. Allons, réfléchis et choisis les cadeaux qui te tiennent le plus à cœur. Tu me les diras demain. Bonne nuit, mon lutin.

Elle ferme la porte à demi. Doucement, mes yeux se ferment aussi…

Du fond de la nuit, un vieux monsieur s’approche de moi, s’appuyant sur un bâton doré. Il a un bonnet comme le mien. Il me demande de l’aider dans son travail : pour faire des surprises aux enfants, il a besoin de connaître leurs vœux, il dit. Il voudrait que j’aille les chercher pour lui.

– Je veux bien, je lui réponds, mais je ne sais pas où on les trouve, moi, les vœux.

– Où on les trouve ? il répète. Mais dans le ciel, voyons : ce sont les étoiles filantes ! Il y en a plein si tu montes assez haut. Attrape-les pour moi, s’il te plaît. Ou je ne pourrai pas faire mes paquets.

Il ôte son bonnet, le secoue un peu devant lui pour l’ouvrir et l’accroche à son bâton doré.

– Mais comment faire pour les attraper ? je demande.

– Eh bien, avec ceci, mon lutin.

Il me tend le bâton doré avec le bonnet qui flotte au bout. Quand je le touche, le bâton devient un long manche, et le bonnet se transforme en filet. J’ai dans les mains une épuisette.

C’est un rêve, je me dis. Tout est possible. Alors je prends mon élan, et je saute ! Je suis léger, je m’élève dans le ciel, très, très haut. Je vole comme un oiseau. La nuit est pleine d’étoiles. J’en vois une filer… Vite ! Je tends le bras. Réussi ! Je regarde autour de moi, il y en a tout un tas, des étoiles filant aussi vite que des camions de pompiers, des vœux qui arrivent de tous les côtés : un doudou géant, une bande dessinée, une dînette… Je les attrape avec mon épuisette. Des costumes de pirate, de cosmonaute, un nouveau vélo, des vacances à la plage : je ramasse tous les vœux sur mon passage. Grâce à moi, les enfants recevront leurs cadeaux. Ce n’est qu’un rêve, je le sais bien. Pourtant, quel travail merveilleux ! Quand je serai grand, je serai collecteur de vœux. Maman me regardera de sa fenêtre, elle sera si fière. Je serai un vrai lutin, au service des enfants de la Terre.

Collecteur de voeux

Après une longue nuit de collecte, mon épuisette est pleine. Je redescends lentement vers le vieux monsieur, jusqu’à ce que l’épuisette soit à sa portée, puis redevienne un bonnet et un bâton doré, jusqu’à ce que je tombe doucement sur le sol… chaud et moelleux comme mon oreiller.

A peine réveillé, je me lève. Vite, je m’installe à la table de la cuisine. Il faut que je me dépêche, maman ne va pas tarder. Je prends du papier qui brille, des crayons, et des friandises. Je m’applique et j’emballe le tout. Quand maman arrive, je cours vers elle avec le paquet et lui crie :

– Joyeuse Saint-Nicolas, maman !

– Oh, merci Simon ! elle sourit. Mmm, je sens que je vais me régaler…

Elle ouvre le paquet et sort une friandise. Puis elle regarde le papier d’emballage.

– Tiens, tu as fait un dessin dessus ? elle remarque. Bravo, quel travail merveilleux !

Elle déplie la feuille avec soin et la retourne. De l’autre côté du dessin, il y a ma liste de cadeaux, réduite. Elle lit, et déclare cette liste raisonnable. Puis elle prépare un bon petit-déjeuner. Dans mon bol de chocolat, elle met des cristaux de sucre qui brillent. Elle ajoute un trait de poudre de cannelle, comme une étoile qui file dans le ciel. Je fais un vœu. Vouloir très fort ne suffit pas toujours, mais il faut quand même essayer, je crois. Ou je ne suis pas lutin de saint Nicolas.

Collecteur de vœux… Et si ça existait pour de vrai ?

 

Texte   Faustina Poletti
Illustration   Alicia Durand
Lecture, bruitages, mélodies   Faustina Poletti
Musique du générique   Thierry Epiney
Prise de son et mixage   Alexandre Défayes