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Pour la petite histoire

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On disait qu' c'était...
... un oiseau aux mille ailes ♬ ♪ ♫

2 octobre 2017

Aujourd’hui, maman a tenu à ce qu’on vienne à la grande bibliothèque, la bibliothèque pour tous. Elle est immense, et surtout très haute : je ne vois même pas les livres du dernier rayon. De toute façon, je ne les touche pas tellement, les livres. Je n’aime pas lire, parce que j’ai souvent du mal à comprendre tout ce qui est écrit.

Mais soudain, à côté de la fenêtre ouverte, quelque chose bouge tout là-haut. J’entends d’abord le bruit, et je lève les yeux : les livres frémissent. Puis il y a un bruit de battement d’ailes. C’est quand je l’ai vu voler depuis le plafond de la bibliothèque, à travers tous les étages, que j’ai compris : un livre, ç’a des ailes, des dizaines, parfois même des centaines ! Des ailes toutes grises. Ou plutôt, des ailes blanches avec de petites formes noires dessinées dessus, qui font comme des lignes qui lui partent du cœur pour aller vers le monde. Vite, je saute et je l’attrape au vol ! Il est tout tremblant. Il respire, j’en suis sûr. A peine je le caresse qu’il y a un petit froissement. Il déplie ses ailes, les agite, et j’entends gargouiller dans son ventre un tas d’aventures, de rencontres, de secrets. Il ne chante pas fort, cet oiseau-là, pourtant il est rempli de paroles. On disait qu’après être venu se poser dans mes mains, il allait s’envoler par la fenêtre, qu’il allait voyager loin à la rencontre d’autres enfants, peut-être d’autres pays. Et il raconterait son histoire, son pays, à ceux qui feraient un peu attention à lui, à ceux qui se pencheraient sur lui et qui prendraient soin de lui.

Un oiseau aux mille ailes

Puis un autre, un énorme et très vieil oiseau plonge droit sur moi. Vrai, celui-là bat de mille ailes ! Ne me voyant pas, il s’écrase sur mon crâne de tout son poids. Alors, un drôle de chant se met à taper dans un coin de ma tête… Comme un bruit qui court, il dit que les objets ont parfois plus de secrets qu’on ne croit, et qu’ils peuvent être plus d’une chose à la fois. Mais par quel moyen ? Je me le demande bien.

Maman m’appelle, c’est l’heure de rentrer. Je lève les yeux vers la bibliothèque, vers le dernier rayon tout en haut, et je comprends un des secrets de cet endroit : au fond, je peux aimer les livres. C’est un très vieil oiseau, perché sur moi, qui me l’a dit.

Le livre, un oiseau aux mille ailes… Après tout, ça se pourrait.

 

Texte   Faustina Poletti
Illustration   Annick Vermot
Lecture   Faustina Poletti
Musique de l'histoire   Eric Fournier
Musique du générique   Thierry Epiney
Prise de son et mixage   Alexandre Défayes