Cet après-midi, je dois préparer la crèche de Noël. Ça m’embête. C’est chaque année la même chose, mon frère et ma sœur décorent le sapin, et moi, je suis trop petit, alors je m’occupe juste de la crèche. C’est d’un ennui… Heureusement que maman m’aide, ça ira plus vite.
– Mais en fait, je demande à maman, pourquoi on appelle ça une crèche, et pas simplement une maison ? Qu’est-ce que ça veut dire, « crèche » ?
– La crèche, c’est la mangeoire des animaux, l’endroit où on met leur nourriture, répond maman.
– C’est vrai ? je demande surpris. Alors c’est tout petit, en fait ! On a agrandi le mot « crèche ».
Je m’accroupis pour regarder dans la maisonnette. J’ai de la peine à voir la mangeoire pour les animaux sans le personnage qui va dedans. Il y a tant de choses autour ! Maman me donne le bœuf, l’âne, puis les figurines. Elle décore le toit avec de la mousse de la forêt, on dirait un jardin. Elle me donne l’ange à fixer sur le toit. Il est richement habillé, il a de l’or sur la tête. Autour de la mangeoire, la maison est de plus en plus habitée, de plus en plus belle, couverte de merveilles. La crèche a l’air de s’être encore agrandie. Alors je dis à maman :
– On disait que la crèche, c’était en fait un palais. Un immense palais !
– Oh ? Et qu’est-ce qu’il y avait, dans ce palais ?
J’installe les personnages et j’explique :
– Il y avait le petit prince nouveau-né, avec ses parents. C’était un palais écologique : pour le chauffage on utilisait le souffle des animaux ; et la lumière, c’était le ciel étoilé. C’était un palais ouvert, où tout le monde était invité. Mais les premiers visiteurs reçus, c’étaient les moutons et leurs bergers. Et les serviteurs du nouveau-né, c’étaient des rois, des savants, des sages !
– Oui, dit maman. Et tu sais ? C’était aussi le palais où des magiciens venus de très, très loin viendraient bientôt déposer un tas de beaux cadeaux.
Je la regarde, elle me fait un clin d’œil. Je me relève tout excité et admire notre crèche, très content. Je la pose délicatement par terre, à côté du sapin. Mon frère dit que lui, il ne voit pas de palais, juste une étable. Et il s’empare de la mangeoire en un coup de main, pour m’embêter.
– Pas de crèche, pas de palais ! il dit en rigolant.
Voyant le regard noir de maman, il la remet vite en place. Seulement maintenant, en l’observant posée là par terre, moi non plus, je ne vois plus le palais… Je l’ai perdu ! Alors ma sœur me dit :
– Baisse-toi ! Pour entrer dans le palais de l’enfant-roi, il faut peut-être se mettre à genoux.
La crèche, un palais… Après tout, ça se pourrait.
