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Pour la petite histoire

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Tourne-soleil

3 février 2019

Voilà déjà dix jours que Fanzine est de retour à la Cabane, l’école à la montagne qui organise des camps pour les enfants comme elle. Même s’il fait froid et qu’elle s’ennuie parfois de ses parents, elle est contente d’avoir retrouvé cet endroit aux murs de toutes les couleurs, et d’être loin de ses camarades de la plaine qui la traitent d’allumée. Elle est surtout contente d’avoir retrouvé tous ses amis flambe-ciel, en particulier Caline et Houmaï, avec qui elle passe le plus clair de son temps.

Depuis deux jours, cependant, Houmaï et deux autres enfants ont dû retourner à la maison à cause de la varicelle. Ils avaient tout le temps chaud et, pour une fois, ce n’était pas à cause de leur syndrome mais à cause de la fièvre. Fanzine et Caline ont hâte que Houmaï revienne, pour s’entraîner avec lui à utiliser le super-pouvoir que leur donne le syndrome, et aussi pour remballer le prétentieux Aymon. Il veut tout savoir sur tout, celui-là, et il faut toujours qu’il agace les autres.

A la grande table de la salle à manger, en attendant l’heure du repas, Fanzine montre à Caline son petit carnet, celui où elle écrit les mots qu’elle aime et les mots qui soignent. A côté d’elles, la jeune Solis, qui en est aussi à son deuxième camp à la Cabane, discute gaiement avec Clara, une grande de 9 ans. Solis doit vraiment bien aimer Clara car d’habitude, elle reste muette. Elle se ferme comme une huître dès qu’on lui adresse la parole, comme si elle avait peur des autres, même des enfants. Clara retire de son cou sa boussole, celle que reçoivent tous les habitants de la Cabane le jour de leur arrivée, et s’amuse à la faire tourner comme une toupie sur la table. Elle montre à Solis comment faire pour que l’aiguille chante.

– Hé, qu’est-ce qu’on a à manger pour midi ? entendent-elles crier depuis le petit salon.

– De la soupe aux vermicelles, répond une voix âgée dans l’embrasure de la porte voûtée. Et il est tout à fait autorisé de parler sans hurler, au cas où tu aurais des doutes à ce sujet, Aymon.

C’est la vieille Mlle Floribert, sûrement la plus gentille ducatrice du monde. Elle entre à l’instant dans la Cabane accompagnée du jeune M. Tournemain, leur spicologue aux cheveux roux, grand spécialiste de l’interprétation des comportements liés au syndrome flambe-ciel, et de la belle – et terrible – administratrice Mme Saint-Saëns, plus connue sous le surnom de Croll des montagnes.

Fanzine soupire, encore de la soupe. Elle n’aime pas la soupe. Quant aux vermicelles, elle ne sait pas ce que c’est, mais ce mot ne lui dit rien qui vaille. « Soupe à la varicelle », écrit-elle dans son carnet.

Durant le repas, Fanzine et Caline entendent les adultes discuter entre eux.

– Vous qui pensiez trouver le soleil en venant à la montagne, vous allez repartir déçu, dit Mlle Floribert à M. Tournemain.

– J’espère avoir plus de chance lors de ma prochaine visite ! Mais cette grisaille ne vous a pas empêchée de faire pousser des fleurs dans la serre, à ce que j’ai vu. Vous avez un véritable don, Rosis.

– Sans doute, répond Mlle Floribert un peu gênée. En revanche, je n’ai aucun pouvoir pour les panneaux solaires sur le toit de la Cabane. Sans soleil, ils ne nous servent à rien ces jours-ci. Heureusement que nous avons l’énergie du barrage pour faire fonctionner le chauffage.

Puis elle jette un regard vers Solis, qui semble avoir un coup de chaud en mangeant sa soupe.

– Eh bien, si on manque d’énergie, on pourra toujours utiliser celle de ces gosses surexcités, non ? relève Croll des montagnes. Il paraît que leur fichu syndrome leur permet d’en produire…

– Les enfants atteints du syndrome Flambs IL pourraient devenir une source d’énergie précieuse pour le monde, en effet, dit Mlle Floribert. Mais ils ne peuvent pas compenser tout seuls les ressources d’énergie non renouvelables que les adultes gaspillent. Ce qu’il faudrait, c’est retrouver la fameuse énergie perdue, ajoute-t-elle en tripotant sa boussole autour de son cou.

Fanzine s’efforce d’écouter leur conversation malgré le raffut autour d’elle. Bali et Babok, ses cousins, jettent malicieusement leurs vermicelles dans l’assiette d’Aymon. Sentant venir la colère d’Aymon, Fanzine s’écarte pour éviter d’en être la cible. Au même moment, Solis éclate de rire à une blague de Clara. Aymon, visiblement vexé, croit qu’elle se moque de lui et s’en prend à elle.

Tourne-soleil 1

– Toi, retourne dans ta coquille d’huître ! De toute façon, tu ne sais même pas parler, tu ne dis jamais rien. Et tu ne nous montres jamais ton super-pouvoir… En fait, tu n’en as pas, bouffonne !

Solis semble faire un effort immense pour retenir ses larmes. Clara lui caresse le bras. Solis devient toute rouge.

– Ha, et tu crois qu’on n’a pas remarqué ? la nargue Aymon. Tu es amoureuse de Clara, hou…

– Oh, mettez-la en sourdine, ordonne Croll des montagnes, je ne m’entends plus respirer !

Aymon lance sa serviette sur Bali et Babok, qui se lèvent aussitôt pour commencer la bagarre. Entre les larmes de rage et les coups de poing manqués, les assiettes à soupe se renversent et les vermicelles volent… jusque dans les beaux cheveux de Croll des montagnes. Aymon, Bali et Babok n’ont pas le temps de comprendre ce qui se passe. La terrible administratrice, déjà derrière eux, les prend au collet et les sépare en s’écriant :

– Vous, vous êtes peut-être capables de produire de l’énergie, mais vous en prenez aussi un sacré paquet aux autres, nom de nom ! Et maintenant, tenez-vous tranquilles si vous ne voulez pas que je vous fasse manger tous les vermisseaux du jardin à la cuillère à soupe !

Aymon, Bali et Babok se rassoient en boudant, et plus personne n’a envie de manger sa soupe.

Fanzine et Caline regardent Solis, visiblement blessée par les mots d’Aymon. Elle cache tant bien que mal son visage avec sa main. Caline lui parle avec sa voix aussi claire que le soleil et essaie de la prendre dans ses bras pour la consoler. Mais Solis se détourne. Mlle Floribert s’approche.

– Ne t’inquiète pas, Solis. Tu as un super-pouvoir, comme tous les enfants qui sont ici, dit-elle en regardant sévèrement Aymon. Il te faut encore apprendre à connaître tes émotions, à faire avec et non à lutter contre elles. C’est seulement ainsi que tu pourras te sentir mieux, et créer de l’énergie.

Au moment de sortir de table, Solis semble plus calme. Dans l’après-midi, cependant, à l’heure de son rendez-vous avec M. Tournemain, elle n’est pas là. Tout le monde la cherche partout, sans succès. Elle a disparu. Fanzine et Caline, curieuses, tendent l’oreille aux discussions des adultes.

– Clara aussi est introuvable, elles sont probablement ensemble, affirme Mlle Floribert.

– Aucune trace d’elles dehors, dit Croll des montagnes. Elles ne sont ni sur le chemin du barrage, ni à la conciergerie. Toutes nos barques sont à quai, il n’y a donc personne sur le lac.

– Bien. Méon, venez avec moi, dit Mlle Floribert à M. Tournemain. Nous allons vérifier les étages inférieurs. Elles sont bien quelque part. Carole, pouvez-vous rester ici pour surveiller les enfants ?

Sans attendre la réponse de Croll des montagnes, étouffant un oui peu convaincu, Mlle Floribert et M. Tournemain se dirigent vers les murs jaunes du couloir des chambres d’adultes. Fanzine et Caline les suivent, à bonne distance pour ne pas se faire voir mais assez près pour les entendre.

– Croyez-moi, il faudra la retrouver un jour, sinon le monde courra à sa perte, dit Mlle Floribert.

– Mais sait-on seulement d’où elle vient, et depuis quand elle existe ?

– Eh bien, on dit qu’elle est née en même temps que les hommes et les femmes…

Fanzine entend Caline chuchoter à son oreille :

– Ils ne parlent quand même pas de Solis, si ?

– Non, de l’énergie perdue, je crois, fait Fanzine de plus en plus intéressée.

Les voix s’éloignent puis disparaissent. Fanzine et Caline longent la cloison jaune jusqu’au bout du couloir. Elles se retrouvent devant trois portes noires, fermées. Où peuvent-elles bien mener ?

– Tu veux vraiment continuer ? fait Caline hésitante. Et si on se perdait ?

– On ne peut pas se perdre, on a notre boussole. Allons-y, j’aimerais entendre ce qu’ils racontent.

Se fiant à son intuition, Fanzine choisit l’une des trois portes. Celle-ci donne sur un escalier en colimaçon qui descend. Des bribes de discussion leur parviennent depuis l’étage inférieur :

– Elle est constituée des mêmes éléments que nous… Une ressource renouvelable…

Fanzine et Caline descendent. Au pied de l’escalier, elles découvrent un autre couloir, mal éclairé. Soudain, Caline se retourne : elle jure avoir entendu un bruit venant d’en haut. Fanzine jette un œil vers l’escalier mais ne voit rien. L’aiguille de leur boussole s’affole. Où donc se trouvent-elles ? Elles suivent le couloir à tâtons, jusqu’à une petite porte entrouverte. En la poussant, Fanzine est éblouie : devant elle, un sentier descend sur un talus herbeux. Elles sont dehors.

Ni Fanzine ni Caline n’étaient jamais venues de ce côté-ci de la Cabane. Il n’y a personne en vue, ni aucune trace de Mlle Floribert et M. Tournemain. Cependant, au bout du sentier, elles aperçoivent, à peine cachée par un mélèze, une petite construction vitrée.

– Oh, une serre ! sourit Caline, un rayon de soleil dans la voix. Je ne savais pas qu’on en avait une.

Elles accourent et viennent coller leur visage contre une des parois pour observer l’intérieur. Il y a un tas de grands bacs remplis de terre, mais aussi, déjà, des arbustes et même quelques crocus.

– Des fleurs à cette saison, et à la montagne, en plus… c’est incroyable, murmure Fanzine.

– C’est parce que la serre est bien exposée au soleil, dit Caline.

– Et sûrement aussi à la magie de Mlle Floribert, ajoute Fanzine en riant.

Plus loin, au milieu de la serre, il y a aussi de grandes fleurs dont la corolle pointe vers le bas. Des tourne-soleils encore fermés, se dit Fanzine. Et à côté des tourne-soleils, il y a Solis et Clara.

Cependant, derrière Fanzine et Caline, le bruit de quelqu’un qui trébuche puis le chant mécanique d’une boussole s’écrasant par terre les fait se retourner.

– Aymon ! s’exclame Fanzine le visage furieux et les cheveux agités de grosses vagues.

– Tu nous as suivies ! l’accuse Caline, les joues chauffées par la colère, et un peu par la frousse.

Mais ce n’est pas le moment de faire du bruit, ou ils risquent tous de se faire remarquer. Ils décident de se faufiler tous les trois dans la serre par une petite ouverture, afin de savoir ce qu’il se passe. Il fait assez sombre, le temps est couvert et le soir va tomber – ce qui n’est pas pour rassurer Caline –, ils se cachent sans peine derrière un bac de rosiers.

Tourne-soleil 2

Devant eux, Solis et Clara sont concentrées. Solis ferme les yeux et rougit. Elle est en train de s’entraîner à créer de l’énergie, pense Fanzine, qui aimerait bien en faire autant. Mais tout à coup, la soupe aux vermicelles lui remonte dans l’estomac : à l’autre bout de la serre, une porte vitrée s’ouvre sur une touffe flamboyante de cheveux roux et le reflet rond d’une boussole qui se balance. M. Tournemain et Mlle Floribert pénètrent dans la serre, faisant sursauter Solis.

– C’est donc là que vous vous cachiez, s’écrie M. Tournemain, nous vous avons cherché partout !

Solis baisse instantanément la tête. Fanzine, Caline et Aymon soupirent, soulagés que personne ne les ait remarqués. M. Tournemain s’agenouille pour se mettre à la hauteur de Solis.

– Voyons, voyons, voyons, fait-il. C’est très bien de vouloir exercer ton super-pouvoir, tu as raison. Mais ce n’est pas en fuyant les autres que tu arriveras mieux à créer de l’énergie.

Solis écoute le spicologue mais semble sceptique.

– Tu ne me crois pas ? Un grand spicologue comme moi spécialiste de l’interprétation des comportements ? Ça me fait mal, dit-il avec une voix rigolote en mimant un air vexé.

Solis lève la tête et la tourne vers lui. Puis elle sourit, et alors on dirait qu’elle s’ouvre comme une fleur.

– Mais comment utiliser mon super-pouvoir, alors ? fait-elle d’une voix tout à coup très sonore.

– Eh bien, je ne suis pas professeur d’énergie, mais… disons que c’est un peu comme le soleil. Si l’on parvient à accumuler sa chaleur en assez grande quantité en un endroit, on peut utiliser son énergie – pour se chauffer ou pour créer de l’électricité. Pour les enfants Flambs IL, c’est pareil : il faut rassembler le trop-plein d’activité et d’excitation, pour le concentrer en un endroit d’où il pourra sortir sous forme d’énergie. Mais pour cela, il faut accepter de laisser sortir ses émotions.

Solis fait oui de la tête. Elle fronce les sourcils et serre les poings, faisant un effort immense. Elle est de plus en plus rouge, elle doit avoir très chaud. Puis elle pleure, si fort qu’on dirait qu’elle fait remonter toutes les émotions de la journée en une fois. Clara lui prend doucement ses poings fermés et y dépose un petit baiser. Solis ouvre les mains pour tenir celles de Clara et se tourne vers elle. Bientôt, dans la pénombre du soir naissant, deux taches de couleur jaune orangé apparaissent : ce sont les paupières de Solis qui s’allument. Alors une énergie d’une intensité extraordinaire se dégage, projetant des traits de lumière et de chaleur à travers la porte ouverte de la serre, rayonnant si loin qu’elle écarte les nuages et touche l’horizon… jusqu’à ce qu’on voie, sur les sommets des montagnes, un magnifique coucher de soleil colorer le ciel.

Tourne-soleil 3

Tout le monde a les yeux rivés sur Solis. Même les tourne-soleils ont relevé leur corolle pour se tourner vers elle. Fanzine s’émerveille devant ce prodige. Solis et Clara échangent un regard tendre. A peine plus haut que l’horizon, la lune devient soudain blanche et brillante. Est-ce Clara qui l’éclaire ainsi ? Ses cils jaune orangé indiquent qu’elle a dû s’allumer à son tour. Solis saute de joie ! Elle a enfin réussi à produire de l’énergie avec toutes ses émotions.

Tourne-soleil 4

C’est à ce moment que Caline, appuyée sur Fanzine et Aymon, se pique à une branche de rosier et crie de douleur. D’un même mouvement, M. Tournemain, Mlle Floribert, Clara et Solis se tournent vers eux : ils sont découverts.

– Hé là, hé là, hé là, fait M. Tournemain, il y a des espions par ici, on dirait. Montrez-vous !

Fanzine, Caline et Aymon s’avancent, honteux. Aymon reste d’abord muet et baisse les yeux devant Solis. Caline et Fanzine s’expliquent :

– Nous voulions juste retrouver Solis, dit Caline.

Fanzine sent sur elle le regard sceptique de Mlle Floribert. Elle avoue :

– Je voulais aussi en savoir plus sur l’énergie perdue… Alors j’ai essayé de vous suivre.

– Quand on veut savoir des choses, fait Mlle Floribert, pourquoi ne pas simplement demander ?

A côté d’elle, Aymon tourne d’abord la tête pour cacher ses yeux mouillés, puis murmure à Solis :

– Je te demande pardon. Pour toutes… toutes les choses méchantes que j’ai dites à midi.

Solis, les paupières encore roses, lui fait un petit sourire en guise de signe de paix.

– Bien, bien, bien, il se fait tard, dit M. Tournemain, il est temps de rentrer. Rosis, après vous !

Sous le ciel encore rouge, ils remontent tous ensemble le sentier menant à la Cabane à la suite de Mlle Floribert. Tout en les conduisant, celle-ci leur raconte comment l’énergie des flambe-ciel a tendance à s’épuiser quand on s’éloigne les uns des autres, et comment elle peut considérablement augmenter quand on se tourne les uns vers les autres.

Fanzine et Caline ont tellement hâte de raconter cette journée à Houmaï : la soupe à la varicelle, Aymon qui s’est fait remettre à sa place, la leçon sur l’énergie perdue – et aussi celle sur la curiosité –, Solis et les tourne-soleils… Lorsqu’ils rejoignent le petit salon, tout est calme et plongé dans l’obscurité. Croll des montagnes et les autres enfants sont tous dans la cuisine, d’après les bruits. M. Tournemain cherche en vain un interrupteur lorsque, mystérieusement, toutes les lampes s’allument en même temps, réveillant toutes les couleurs de la pièce.

– Tiens, mais qui a allumé ? demande Solis surprise.

– Oh, Solis ! fait soudain Mlle Floribert.

A la lumière, tout le monde constate les taches roses que Solis a non seulement sur les paupières, mais sur tout le visage. Seule Fanzine remarque le geste étrange de la vieille ducatrice qui, tout en posant une main sur le front de Solis, glisse de son autre main, sous sa jaquette, une boussole brillante et tout orangée.

– Tu as de la fièvre, dit Mlle Floribert à Solis. Je crois bien que tu as la varicelle !

 

Lorsqu’il redescend dans la plaine, M. Tournemain emmène Solis pour la conduire chez ses parents. Durant le repas, Fanzine réfléchit en faisant tourner sa boussole. Pauvre Solis, se dit-elle, tomber malade au moment même où elle commence à maîtriser son énergie. Sacré Aymon, pense-t-elle, capable d’être le pire poison à midi et le garçon le plus touchant le soir venu. Drôle de Mlle Floribert, enfin, plus mystérieuse que tous les enfants flambe-ciel réunis. Il y a encore tant de choses à découvrir à la Cabane, pour Fanzine. Plus elle en sait, plus il lui semble qu’il en reste à apprendre. « Energie perdue », lit-elle sur une ancienne page de son carnet. Il faudra qu’elle enquête encore, décide-t-elle. Il faudra qu’elle demande aux adultes, admet-elle. Où donc les enfants lumineux peuvent-ils espérer retrouver un jour l’énergie perdue ? se demande-t-elle.

 

Texte   Faustina Poletti
Illustrations   Annick Vermot
Lecture, bruitages, mélodies   Faustina Poletti
Musique du générique   Thierry Epiney
Prise de son et mixage   Alexandre Défayes