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Pour la petite histoire

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La chaîne d'or

14 mars 2019

Ce que Fanzine aime par-dessus tout à l’école à la montagne, ce sont les leçons en pleine nature. Là au moins, les enfants comme elle sont libres de bouger et de parler tout haut sans se faire gronder. Cet après-midi, avec leur professeur d’énergie M. Racine et leur chère ducatrice, la vieille Mlle Floribert, tous les élèves font une escapade sur les sentiers qui sillonnent le flanc de la montagne, au-dessus de la Cabane et du lac du barrage.

Fanzine, les mains serrées sur les bretelles de son petit sac à dos, marche près de ses deux meilleurs amis Caline et Houmaï. C’est son troisième camp à la Cabane, et elle s’y sent chez elle, désormais, comme tous ses camarades qui ont le syndrome flambe-ciel. Elle suit les pas de ses cousins Bali et Babok, de son grand frère Tiloui et de M. Racine sur le sentier, levant de temps en temps les yeux vers les sommets des montagnes qui ont l’air de se donner la main. Tandis que Bali court de tous côtés, inspectant le sol à la recherche d’escargots pour sa collection, M. Racine leur parle du sujet qui les préoccupe tous depuis quelques jours : la pénurie d’énergie.

– Cette pénurie est due à une panne de la centrale électrique de la plaine, explique-t-il. C’est très ennuyeux car les besoins de la région en énergie sont énormes. Nous avons dû apporter notre aide en faisant fonctionner notre barrage à plein régime, pour produire beaucoup d’électricité. Le problème, c’est que cette ressource s’épuise… La saison a été sèche, et le lac ne se remplit plus.

Tout en parlant, M. Racine hoche la tête en direction du barrage. Fanzine et Caline regardent le lac, presque vide. Les barques, désormais inutiles, ont toutes été stockées à la conciergerie.

– Attention, dit tout fort M. Racine, le sentier devient plus étroit. Marchez en file indienne, s’il vous plaît. Et tenez-vous par la main, si vous pouvez.

Fanzine, Caline et Houmaï ralentissent. Ils sont bientôt bousculés par Aymon, Maris et Lauris qui les ont rattrapés, eux-mêmes poussés par d’autres camarades derrière eux, puis par Solis, Clara, et Mlle Floribert qui ferme la marche.

– Pourquoi est-ce qu’on doit se tenir par la main ? demande Bali.

– Pour que vous soyez plus calmes, répond Mlle Floribert. Ici, il serait dangereux de s’agiter.

Fanzine donne une main à Houmaï, ennuyé par son gros sac, et l’autre à Bali. Puis elle avance doucement sur le sentier. Elle compte, au poignet de Bali, les maillons en or de la chaînette qu’il vient de recevoir de ses parents Zita et Padok pour ses 10 ans. Bali dit qu’elle est magique et qu’il l’entend briller. Fanzine aimerait bien en avoir une pareille. Bali a promis qu’il la lui prêterait.

Après quelques instants, le sentier s’élargit de nouveau, et les voilà enfin arrivés au sommet. Fanzine se retourne. Le sentier qui se déroule jusqu’à la Cabane fait un long lacet entre les arbres, comme pour mieux les attacher au flanc de la montagne. Sur sa gauche, il y a la ligne à haute tension qui relie le barrage à la plaine d’un côté, et au pays voisin de l’autre, derrière la chaîne de montagnes. Sur sa droite, seul dans son coin, Bali fouille toujours le sol. Lui qui pensait ramener quelques escargots pour son élevage, il est très déçu : il n’en a pas trouvé un seul.

– C’est normal que les escargots ne se montrent pas, lui fait remarquer Mlle Floribert, ça fait trop longtemps qu’il n’a pas plu. De toute manière, tu ne crois pas que tu en as déjà assez ?

– Avec celui que Babok t’a donné pour ton anniversaire, ça fait 18, dit Fanzine à Bali.

A côté d’elle, Caline et Houmaï sont en train de se disputer. Houmaï prétend que son sac à dos à lui était plus lourd parce qu’il portait leurs boissons à tous les trois, tandis que Caline ne portait que les biscuits. Les oreilles de Houmaï commencent à chauffer. Il jette son sac par terre et croise les bras en faisant la tête. « Oh, inutile de monter sur tes grands chevaux », fait Caline en lui donnant un biscuit. Houmaï pleure un peu. C’est comme ça, quand on a le syndrome flambe-ciel, on se fâche et on pleure pour rien, pour tout. Le sac à dos de Fanzine, lui, commence à s’agiter. Elle l’ouvre et glisse sa main à l’intérieur, comme une caresse. Puis elle prend dans une poche un petit carnet déjà bien rempli, dans lequel elle écrit : « chaînette de montagnes ».

– Bien, dit Mlle Floribert après un moment, il est temps de redescendre, maintenant.

C’est alors que Fanzine les voit. Un tas de petits papillons colorés volettent autour d’elle. Au même instant, dans son sac entrouvert, deux oreilles orange bordées de gris se dressent. Une seconde après, une queue en panache apparaît, puis de petites pattes bondissent dans l’herbe.

– Hé, Fanzine, ton écureuil est en train de filer ! crie Aymon.

– Crocus ! appelle aussitôt Fanzine.

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Mais son écureuil de compagnie n’est pas des plus obéissants. Il est déjà loin d’eux, gambadant comme un fou à la poursuite des papillons. Fanzine court derrière lui, malgré les remontrances de Mlle Floribert. Elle a tellement peur qu’il se perde, son cher Crocus, son « écurieux », comme elle aime dire. A travers ses larmes, elle voit Bali qui la dépasse, courant comme un fou à la poursuite de Crocus. Bali n’a jamais peur de rien, « un vrai casse-cou », comme dit l’oncle Padok. Il n’écoute pas plus que Fanzine les avertissements de Mlle Floribert, qui désespère définitivement lorsque Babok lance à ses camarades :

– Allez, on fait la course, le dernier en bas est un limaçon !

Caline et Houmaï, les sacs à dos désormais plus légers, s’élancent devant Maris, Solis puis Clara. Aymon, lui, est déjà à la hauteur de Fanzine. Tous deux suivent Bali qui se dirige vers la ligne à haute tension et se rapproche de Crocus. Mais alors que Bali attrape l’écureuil, il trébuche contre le socle d’un pylône. Il fait une chute spectaculaire dans l’herbe, heureusement sans trop de mal.

– Saleté d’écurieux, dit Tiloui en arrivant derrière Fanzine.

Ils aident Bali à se relever. Fanzine sermonne Crocus, puis le serre fort contre sa joue humide.

 

De retour à la Cabane, lorsqu’ils voient l’air sombre de leur directrice Mme Lumière, les enfants craignent de se faire gronder. Cependant, elle a le même air avec M. Racine et Mlle Floribert.

– Ecoutez-moi, tout le monde. Je viens de recevoir de mauvaises nouvelles du Service de l’énergie de notre région. Une nouvelle panne s’est produite dans la centrale électrique de la plaine.

– Oh, comme c’est fâcheux, dit tristement Mlle Floribert. Nous voilà bien embêtés.

– En effet, reprend Mme Lumière, et pas seulement nous. La centrale, comme le barrage, approvisionnait également nos voisins frontaliers au-delà de la chaîne de montagnes. La société d’électricité demande encore notre aide. Hélas, sans pluie, notre barrage ne va pas se remplir.

– Mais la société pense à autre chose que le barrage, n’est-ce pas ? demande M. Racine.

– Oui, confirme Mme Lumière gênée. Seulement, il faudrait une énergie extrêmement puissante.

Fanzine lève la tête, et Aymon se tourne vers Mlle Floribert.

– L’énergie perdue ? demandent-ils en même temps.

– Par exemple, répond la ducatrice. Mais sans elle, il va nous falloir trouver une autre solution.

Soudain, Bali s’agite. Il regarde son poignet, fouille dans ses manches, puis finit par lâcher :

– Je n’ai plus ma chaînette ! Où est-ce qu’elle est passée, qui me l’a prise ? Ma chaînette magique !

Il devient rouge de colère. Il ne tient plus en place et se met à crier contre tout le monde.

– Calme-toi, Bali, ordonne Mme Lumière, tu n’es pas le seul à avoir des soucis ! Nous t’aiderons à la chercher, ta chaînette – en attendant, tu n’as pas besoin de monter sur tes ergots.

Fanzine, qui ne connaît pas ce mot, se demande si les ergots sont des sortes de chevaux.

– Pour la pénurie d’électricité, nous n’avons pas le choix, dit M. Racine. Demandons aux enfants.

– Tout de même, dit Mme Lumière qui est aussi professeure de pratique, on parle de produire de l’énergie à haute tension. Cela fait beaucoup pour la trentaine d’enfants que compte la Cabane.

– Mais c’est une énergie renouvelable ! s’enflamme M. Racine. D’après le docteur Flambs…

– Oui, Emilion, je sais, soupire la directrice, nous n’imaginons pas tout ce que le syndrome peut faire pour nous.

Fanzine entend alors Aymon murmurer : « Chic, le monde a besoin de nos super-pouvoirs ! »

 

Tôt le lendemain matin, Fanzine, Caline et Houmaï préparent de nouveau leur sac à dos, ravis. Mme Lumière a prévu une leçon pratique en pleine nature afin que les enfants essaient de produire de l’électricité dans les lignes à haute tension. Et en même temps, ils pourront chercher la chaînette de Bali sur le sentier qu’ils ont pris la veille. Fanzine décide de laisser Crocus à la Cabane, cette fois-ci. Elle n’emporte que quelques biscuits, de l’eau, et son petit carnet de mots.

En chemin, ils sont tout excités à l’idée de pouvoir bientôt s’allumer, comme de vrais flambe-ciel.

– Marchez en file indienne, s’il vous plaît, dit Houmaï en imitant la voix de M. Racine.

Tous rigolent, sauf Bali qui se sent bien seul. On a beau chercher, on ne trouve pas trace de sa chaînette. Lorsqu’ils arrivent près de la ligne à haute tension, M. Racine réunit les enfants :

– Bien ! Vous savez comment fonctionne le syndrome Flambs IL. Grâce à lui, vous êtes tous dotés d’une activité très intense et hors normes, qui peut se libérer sous forme d’énergie. Le principe, c’est de laisser toute cette activité s’accumuler en vous jusqu’à ce qu’elle soit prête à déborder. Lorsqu’elle déborde, vous vous allumez et vous produisez de l’énergie.

– Lorsqu’elle déborde de façon contrôlée, précise Mme Lumière. Je vous rappelle que vous devez à la fois vous ouvrir pour laisser sortir l’énergie et la canaliser pour qu’elle ne se disperse pas.

Intimidés, les enfants lèvent les yeux vers la ligne à haute tension et commencent à s’activer. Ils se laissent envahir par un mélange d’excitation et de peur, et font de leur mieux pour s’allumer. Des taches de lumière jaillissent de tous côtés, qui font comme des sons aigus aux oreilles de Bali. Mais la quantité d’énergie n’est pas assez grande pour pénétrer dans la ligne à haute tension.

– Hum, fait Mme Lumière avec son air sérieux, c’est insuffisant. Allons, il faut essayer encore. Mettez votre force en commun et puisez dans vos ressources ! Qui dit énergie dit aussi effort !

Ils essaient une nouvelle fois. Mme Lumière les guide pour qu’ils utilisent au mieux leur super-pouvoir. Fanzine sent bientôt des étincelles parcourir ses cheveux. A côté d’elle, Caline, les joues brillantes, lève les yeux en souriant.

– Regardez là-haut, toutes ces couleurs ! s’écrie-t-elle.

– Nos énergies s’additionnent, dit Fanzine en comptant les différentes teintes de jaune orangé.

Bali, lui, entend les couleurs chanter. Cependant, cela ne dure qu’un instant, c’est encore trop peu. 

Fanzine, fatiguée et découragée, s’assied dans l’herbe, puis feuillette son petit carnet. Tout le monde est silencieux. Bali, le premier, entend les papillons colorés qui passent près d’eux, comme ceux qu’ils ont vus la veille. Ils volent vite. Bali court pour les rattraper.

– Hé, tu te prends pour Crocus ? lui crie Babok. Où est-ce que tu vas ? Reste avec nous…

Mais Bali ne l’écoute pas. C’est plus fort que lui, il a besoin de courir. Il s’est toujours senti incapable de faire autrement. Il ne s’arrête que lorsqu’il arrive au pied d’un pylône électrique qu’il reconnaît bien. C’est l’endroit où il est tombé la veille. Tout à coup, entre les cailloux et les touffes d’herbe, il est ébloui par quelque chose qui brille sous le soleil. Il crie de joie :

– Ma chaînette ! Regardez, j’ai retrouvé ma chaînette magique !

Babok et Tiloui s’empressent de le rejoindre, suivis par Lauris, puis Clara qui donne la main à Solis, et bientôt Caline et Houmaï, Fanzine et Aymon. Bali brandit fièrement sa chaînette devant eux, et devant tous les autres camarades étalés sur le sentier. Alors soudain, devant ses yeux, plusieurs images se superposent. Il voit les sommets des montagnes alignés et reliés les uns aux autres, puis les maillons de sa chaînette, et enfin Solis et Clara main dans la main.

– Je sais, j’ai une idée ! hurle-t-il surexcité en secouant Babok. Ecoutez-moi, tout le monde !

– Oh, du calme, dit Babok en perdant l’équilibre, pas la peine de monter sur tes escargots…

Bali prend la main de Babok, lui dit d’en faire autant avec Tiloui et de passer le mot à Lauris, et à tous les autres derrière eux. A côté de Clara et Solis, Caline tend le bras vers Houmaï, qui attrape la main gauche de Fanzine, dont la main droite est déjà dans celle d’Aymon… Au bout de la file, Mlle Floribert a-t-elle compris ou souhaite-t-elle, comme bien souvent, faire comme les enfants ? Elle donne la main à Maris, qui donne la main à son voisin, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’ils forment tous une chaîne, à l’ombre des sommets.

Mme Lumière passe alors devant chacun d’eux pour leur donner des conseils. Les enfants pensent à des choses qui les rendent agités – la joie de retrouver son cadeau d’anniversaire pour Bali, la peur de perdre Crocus pour Fanzine – et en même temps à ce qui les calme – la contée du soir de Mlle Floribert, pense Caline, ou être avec ses amis, sourit Houmaï. Ils commencent à vibrer.

– Concentrez-vous, et laissez sortir ce qui déborde, les encourage Mme Lumière.

L’air semble se charger de toute l’excitation des enfants. Lauris, Clara et Solis se mettent à pleurer, Tiloui tremble, Maris hurle. Puis les cheveux de Fanzine se balancent, les oreilles de Houmaï chauffent, les joues de Caline se gonflent. Près du pylône électrique, les pieds de Babok le brûlent, tandis que les paumes de Bali deviennent presque transparentes. Les uns après les autres, ils s’allument. Du jaune, du rouge et de l’orange colorent le ciel, explosant dans la tête de Bali comme des sons qui se mélangent. Chacun serre fort la main de ses voisins. Bientôt, c’est leur corps tout entier qui devient jaune orangé. Fanzine est éblouie. « Une chaîne d’or posée sur le cou des montagnes, comme ça doit être beau vu d’en haut », pense-t-elle. Puis soudain, elle sent un raz-de-marée passer dans sa main droite et circuler à travers tous les enfants. Bali a l’impression d’entendre de la musique, comme si une énergie toute nouvelle, extrêmement puissante, émergeait de la chaîne des enfants flambe-ciel. Pour une fois, il se sent très calme. Il lève lentement son bras libre en direction de la ligne à haute tension. De sa paume s’échappent alors une multitude de minuscules papillons lumineux et argentés, dessinant un arc dans l’air jusqu’aux fils électriques. La ligne crépite, absorbant toute l’énergie.

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– Incroyable… C’est un phénomène tout à fait surprenant… s’émerveille M. Racine.

Ils ont réussi.

 

L’après-midi, tous les élèves de la Cabane ont congé. Heureusement, du reste, car ils sont épuisés. Mme Lumière a dit qu’ils avaient suffisamment travaillé pour la journée. M. Racine et Mlle Floribert ont félicité tout le monde, en particulier Bali. Fanzine est contente pour lui. Il doit se réjouir de raconter cette aventure à ses parents Zita et Padok, se dit-elle.

Le soir, à la radio, un journaliste relate les événements. Fanzine l’écoute en caressant son écurieux Crocus. « Il s’agit d’un exploit ! Une énergie produite en très grande quantité a permis ce matin d’alimenter une ligne à haute tension, remédiant momentanément à la pénurie d’électricité. Tout cela grâce à des enfants – oui, vous avez bien entendu, des enfants – atteints d’un syndrome plutôt rare appelé le syndrome Flambs IL, qui leur permet de devenir de véritables sources d’énergie… Les pannes de la centrale seront réparées sous peu, assure la société d’électricité. »

Les enfants de la Cabane sont si fiers, leurs super-pouvoirs sont utiles pour le monde ! En plus, ils ont découvert une nouvelle forme d’énergie plus puissante que celle qu’ils connaissaient déjà.

– Mais alors, est-ce que c’est ça, l’énergie perdue ? demande Fanzine à Mlle Floribert.

– Eh bien… non, pas tout à fait, répond la ducatrice. Mais pour tout vous dire, je crois qu’il y a bien un point commun entre ces deux formes d’énergie. Vous avez pu constater que le fait de vous relier les uns aux autres a permis à l’énergie de circuler entre vous. Or cette circulation a considérablement augmenté sa puissance. Il y a quelque chose de cela aussi dans l’énergie perdue.

– Racontez-nous encore, s’il vous plaît ! demande Caline.

– Oh oui, mademoiselle, racontez-nous l’énergie perdue, insiste Houmaï.

– Eh bien, pourquoi pas ? fait Mlle Floribert. Après tout, c’est l’heure de la contée.

Et elle leur raconte, une fois encore, comment des enfants appelés les lumineux pourraient un jour sauver le monde en retrouvant l’énergie perdue. En bonne ducatrice, elle conduit les enfants flambe-ciel dans les méandres de ce qui est devenu leur histoire préférée jusqu’à la fin de la soirée.

Il est tard lorsque Fanzine, Caline et Houmaï montent se coucher. Caline donne tendrement la main à ses deux amis.

– Moi, dit-elle, ce que j’ai le plus aimé quand on s’est tous allumés, c’est la chaleur qui était vraiment très forte et qui nous faisait une couleur dorée sur tout le corps.

– Moi pareil ! répond Houmaï. Et aussi, ça faisait comme un courant qui nous passait à travers.

– Oh, oui, et c’était drôle comme on avait le cœur qui battait plus vite que d’habitude, mais en même temps tout raplapla comme un mollusque, ajoute Fanzine en riant.

– Hein ? fait Houmaï un peu sceptique. Euh… moi, je n’ai pas senti ça.

– Moi non plus, dit Caline en regardant Fanzine l’air surpris.

– Ah ? fait Fanzine. Mais… la main droite toute pleine de papillons… vous l’avez senti, ça, non ?

Caline et Houmaï secouent la tête. Fanzine baisse les yeux, gênée.

Elle a un peu de mal à trouver le sommeil, ce soir-là. Elle repense à la chaîne d’or, et à sa main droite, qu’elle donnait à Aymon… Au loin, il lui semble entendre de petits bruits, comme une radio qui crépite. Est-ce Bali qui s’amuse à l’allumer ? Puis elle court à la fenêtre. Non, c’est qu’il pleut dehors, enfin. Un bon temps pour les escargots, pense-t-elle en ouvrant son petit carnet.

 

Texte   Faustina Poletti
Illustrations   Annick Vermot
Lecture, bruitages, mélodies   Faustina Poletti
Musique du générique   Thierry Epiney
Prise de son et mixage   Alexandre Défayes