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Pour la petite histoire

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On disait qu' c'était...
... la bouche d'un géant

13 novembre 2017

L’autre jour avec l’école, on est allés visiter le clocher de la ville. On a grimpé jusque tout en haut, et devinez quoi : on a pu voir les cloches de près. Tout ce monde dans les escaliers, ça faisait un sacré raffut. Mais quand on est arrivés au sommet, le guide nous a demandé de faire silence et d’être attentifs : tout là-haut, on n’entendait presque plus les bourdonnements de la ville, seulement le vent. Cet endroit avait quelque chose d’impressionnant – de beau et d’intimidant à la fois.

Le guide nous a expliqué comment les cloches étaient fabriquées, il nous a montré le battant qui frappe le métal pour produire le son, et il a dit que les cloches avaient des prénoms. Quand ç’a été l’heure et qu’elles ont commencé à bouger, on a un peu reculé. Bien sûr, on a dû se boucher les oreilles, elles sonnaient fort ! Mais moi, ce qui m’a impressionné, ce n’est pas le bruit : c’est la taille. L’une d’elles – elle s’appelait Fiona – s’agitait pas loin de nous. On lui voyait tout l’intérieur, un balancement sur deux. Et on avait peur de se faire avaler, tellement elle était grande.

Puis Fiona a ralenti et, comme toutes les autres, a fini par s’arrêter. Sa voix a résonné un peu dans le vent, puis on s’est remis à parler. Nous, avec les copains, on disait que la cloche, c’était la bouche d’un géant, qui n’attend que la bonne heure pour tenter de manger un enfant !

La bouche d'un géant

– On disait qu’avec une bouche aussi monstrueuse, il pouvait en avaler un tout rond ! j’ai dit.

– Et il avait une gorge tellement profonde qu’on ne lui en voyait pas le fond, a ajouté un copain.

– Mais aussi, a continué un autre, quand le géant avait très faim, il ouvrait si grand la bouche qu’on lui voyait sa luette verdâtre qui cognait contre les parois de sa gorge, comme une folle.

– Alors on disait qu’il nous mettait une volée et qu’après, il nous attrapait !

On se demandait combien d’enfants montés ici avant nous avaient déjà péri. Juré ! On priait pour ne pas être engloutis par l’ogre qui se tape la cloche.

Puis on a entendu un bruit fort fort lointain venant d’en bas… C’était la sonnerie de notre école qui grésillait, comme un bourdon. Il était l’heure. On a ri et on est repartis tout excités, imitant le bruit des tintements. Ouf, on n’était pas mangés !

En redescendant les escaliers qui nous faisaient tournoyer dans le corps immense de la grosse bouche, je me disais pourtant qu’il avait beau être terrifiant, ce géant-là avait quand même une sacrée belle voix.

La cloche, la bouche d’un géant… Après tout, ça se pourrait.

 

Texte   Faustina Poletti
Illustration   Maëva Lamberti
Lecture, bruitages, mélodies   Faustina Poletti
Musique du générique   Thierry Epiney
Prise de son et mixage   Alexandre Défayes