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Pour la petite histoire

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On disait qu' c'était...
... de la barbe à papa ♬ ♪ ♫

31 janvier 2018

J’adore faire du ski avec mon tonton Théodore. Il m’emmène à la montagne avec mes deux cousins, et on s’amuse bien. Il peut skier partout. Mon tonton Théodore, il est super-fort. Seulement, je commence à avoir à super-faim, et on est au milieu des pistes. Alors je me plains.

– Voyons, réfléchit Théodore, comment calmer ta faim… Tiens, regarde !

Des nuages apparaissent au-dessus de nous.

– A quoi ça te fait penser, ces nuages ?

Je lève la tête, je vois de jolies traînées blanches, roses quand le soleil se couche dessus. Je me tourne, il y en a partout. Ces nuages ont l’air doux, légers, un peu fragiles : prêts à se déchirer au moindre vent. Ils se défont en filaments. Je tourne sur moi-même en riant :

– On disait qu’ c’était de la barbe à papa ! je crie. De la grosse barbe à papa de fête foraine, pour d’énormes bouchées. Et c’étaient les montagnes qui la mangeaient : elles s’en passaient des petits bouts, elles partageaient. Moi, j’étais la grosse montagne là-devant, et j’en mangeais un morceau.

De la barbe à papa

– Et moi, dit mon petit cousin, j’étais le petit sommet juste à côté de toi. Tu m’en donnes ?

– Oh, et moi, ajoute mon autre cousin, j’étais le gros rocher de l’autre côté ! J’en veux aussi !

– On l’avait mérité, je continue, parce qu’on avait été des montagnes bien sages : on n’avait pas cassé d’avions ni lancé de cailloux sur les gens. Vite, racontez, vous aussi. J’ai encore faim, moi !

– Moi, j’étais le glacier là au fond ! dit Théodore. Et je vous faisais des sorbets à la barbe à papa.

On se régale, et on rigole bien. Puis les montagnes changent de couleurs et de contours à cause des ombres des nuages. On ne les reconnaît plus. On disait qu’elles tournaient, ou plutôt, on disait que nous, on tournait. Le tour du Mont-Blanc, c’était notre tour de manège.

Puis le dernier nuage disparaît derrière les sommets. Les montagnes avaient fini de manger.

Le soleil brille de nouveau. Je regarde le reste de la piste enneigée : on est bientôt arrivés. J’ai la tête qui tourne encore, mais je n’ai presque plus faim. On a eu droit à un drôle de festin.

– Tenez, regardez le ciel ! dit Théodore. Je sens qu’on aura encore droit à une petite douceur.

On regarde tous. Il va se passer quelque chose. Les montagnes se dressent impatientes dans l’air humide. Le glacier, avec sa longue langue, se lèche déjà les babines. Ça y est : le soleil passe à travers une pluie fine… et un tas de couleurs dessinent comme un bâton qui se courbe sur nous.

– Un sucre d’orge ! je hurle.

Mon tonton Théodore, il est vraiment super-fort.

Les nuages, de la barbe à papa… Après tout, ça se pourrait.

 

Texte   Faustina Poletti
Illustration   Maëva Lamberti
Lecture   Faustina Poletti
Musique de l'histoire   Eric Fournier
Musique du générique   Thierry Epiney
Prise de son et mixage   Alexandre Défayes