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Pour la petite histoire

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Ce qu'il faudrait, c'est... III

15 juin 2017

Pour Alexandre.

Le prince Gustave est devenu grand. Depuis quelques années, grâce à son précepteur, et aussi grâce aux conversations dans la cour pendant ses dix-heures, il a appris quantité de choses. Mais il trouvait le monde parfois morose. Tant de gens autour de lui manquaient de lumière dans les yeux. Les adultes, surtout, n’étaient pas curieux pour deux sous, et oubliaient souvent de repenser comme des enfants. Ah, pauvres grandes personnes…

 

Ce jour-là le prince Gustave en a justement croisé deux, et il a eu peur de devenir comme eux. Quand il entamait une grande discussion, ceux-ci manquaient toujours d’imagination. Quand il leur demandait jusqu’où allaient les profondeurs du monde, ils faisaient le tour de la question en une seconde. C’était comme s’ils avaient cessé d’apprendre les secrets de la vie et d’ouvrir leurs oreilles à toutes ses merveilles.

Aux yeux de Gustave l’optimiste, c’était un quotidien bien trop triste. Il a décidé d’aider ces deux personnes qu’il aimait. Il en a parlé autour de lui et a fait participer tous ses amis. Tout le monde à la cour, les coquets, les valets, les sujets, a pris un grand carnet. Chacun a dessiné, a griffonné. Et alors, quelles solutions proposait-on ?

Ce qu’il faudrait, c’est imaginer de l’engrais pour belles pensées, qui remette du soleil sur les regards, et aussi un briquet pour allumer les idées, qui fasse des étincelles dans le cigare.

Ce qu’il faudrait ensuite, c’est fabriquer un ouvre-boîte à réponses pour nourrir tous les gens sur terre qui se posent des questions, et puis un porte-clés des mystères pour pénétrer dans les grands champs qui se trouvent au-delà de la raison.

Quand les carnets ont tous été remplis, le prince Gustave, qui avait bien grandi, a été rassuré pour ses deux adultes malheureux, et pour ce qu’il deviendrait, lui, après eux. Il existait un tas de remèdes possibles, un tas d’aides disponibles. Gustave, bon prince, était très content, car il se disait qu’avec tout ça, il pourrait enfin sauver ses parents.

CequilfaudraitIII

Mais ce qu’il leur faudrait peut-être aussi – à eux, aux grands et aux petits – c’est un robinet à blagues avec un bon débit, pour contenter ceux qui en ont faim, avec un bon début, un bon menu et une bonne fin. Et peut-être… Oui, pour ceux qui n’ont jamais assez à boire, ce qu’il faudrait alors, c’est un distributeur d’histoires.

 

Texte   Faustina Poletti
Illustration   Annick Vermot
Lecture et bruitages   Faustina Poletti
Musique du générique   Thierry Epiney
Prise de son et mixage   Alexandre Défayes