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Pour la petite histoire

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Ce qu'il faudrait, c'est...

18 novembre 2016

Le petit prince Gustave se tenait près de la fenêtre. Il faisait si gris dehors qu’on ne voyait même plus les montagnes. A peine voyait-on la fumée de l’usine de canons de son père par-dessus les nuages. Le vent sifflait, les arbres tremblaient, son précepteur qui sonnait à la porte tremblait aussi, et rien que l’idée de la classe refroidissait le petit prince. Aux cuisines, on entendait la grosse voix du charcutier en train de se fâcher fort avec la cuisinière pour quelques morceaux mal coupés, pour quelques sous mal comptés. Le vieux chat qui passait par là s’est fait mal recevoir, et a sorti ses griffes noires. Tout alentour semblait si dur, si froid ce matin-là.

Faudrait Precepteur

Pourtant, c’est une journée qui devrait être belle, se disait le petit prince Gustave. Vrai, quand il serait grand, quand il serait roi, il travaillerait pour enlever tout ce grand froid.

Ce qu’il faudrait, c’est d’abord fabriquer des canons à soleil et une pompe à vacances. Il ferait beau sur les montagnes toute une journée, et on remplirait la voiture avec des litres de congé.

Ce qu’il faudrait aussi, c’est inventer un attendrisseur de cœurs pour rendre les gens plus sensibles, et un rouleau à pâte à bonheur, pour étaler la joie en longueur et en largeur, de tous les côtés, jusque dans tous les recoins.

Ce qu’il faudrait enfin, c’est confectionner des pinceaux à câlins, et mettre de la confiture de mots doux sur les tartines du matin. Ainsi, la journée commencerait bien, on se ferait de beaux dessins, on se dirait qu’on s’aime bien.

Faudrait Gustave

D’avoir pensé à tout cela, le petit prince Gustave s’est senti le cœur plus chaud déjà, même s’il entendait encore les râles du vieux chat et les insultes dans les cuisines, même si les montagnes avaient toujours grise mine. Ah, s’il pouvait déjà être grand, comme son père…

Pourtant, c’est une journée qui devrait être belle, se répétait le petit Gustave. Vrai, on n’a pas tous les jours son anniversaire.

 

Texte   Faustina Poletti
Illustrations   Annick Vermot
Lecture et bruitages   Faustina Poletti
Musique du générique   Thierry Epiney
Prise de son et mixage   Alexandre Défayes